Entre photographie de rue et étude sociologique, avec patience, intérêt et affection, je photographie les gens qui passent.
Par la suite, en soustrayant le décor et en conférant à chaque personnage la même taille, je cherche à enlever toute référence au temps et à l’espace et ainsi diriger l’attention uniquement sur les particularités intrinsèques de chacun.
L’homme semble flotter dans un espace qui ne lui appartient pas, à la recherche de son individualité, de son originalité et de son identité. Cependant, dans cette quête, l’individu est souvent piégé par des messages contradictoires véhiculés par les media et finit par adopter inévitablement d’autres règles vestimentaires ou comportementales aussi stéréotypées que celles qu’il tente de rejeter. C’est ce que j’essaye de mettre en évidence en forçant légèrement le trait.
On dirait alors que l’homme, malgré son désir d’affirmer son individualité, garde un comportement hautement mimétique car il semble chercher toujours à appartenir à un groupe social, situation bien plus sécurisante. Ainsi, les hommes semblent différents mais pourtant, ils sont essentiellement les mêmes. L’homme individualiste mais en même temps conformiste, comme je cherche à le représenter par un choix délibéré d’images, me semble être l’homme contemporain.
Haris Diamantidis – Avril 2019
Post-scriptum:
Avant tout, j’aimerais remercier tous ceux qui, involontairement, m’ont « prêté » leur image quand j’ai croisé leur chemin.
Pour des raisons pratiques évidentes, il m’a été impossible d’obtenir l’accord explicite « des gens qui passent » pour la publication de leurs images dans le cadre de ce projet. Cependant, j’estime avoir agi avec respect, en photographiant les personnes dans la position la plus noble qu’il soit : debout et en marche. Si toutefois, une personne se reconnaît et ne désire pas figurer dans cet ensemble de photographies, il n’a que me le signaler pour que son image soit retirée du site.
Depuis mes débuts, en tant que photographe, j’ai toujours été intéressé, directement ou indirectement, par l’Homme. Pourtant, ce projet m’a encore plus rapproché des autres, fasciné par le caractère à la fois universel et unique de chacun.
Dans notre quotidien, on n’a souvent pas le temps de prêter attention aux autres mais le fait de les voir dans un cadre fixe sur un fond neutre nous permet d’apprécier pleinement la diversité et l’originalité des êtres. J’espère que chacun de nous va pouvoir reconnaître une partie de lui dans les «Gens Qui Passent ».